Financement vert au Maroc : PFEV III, MDCR et partenariats européens pour un avenir durable

Dans le prolongement des efforts déjà entamés en matière de transition écologique, le Royaume continue de déployer son arsenal d’instruments financiers vert, en partenariat, d’une part avec l’Union Européenne, et, d’autre part, avec les établissements financiers marocains.

En effet, le 15 mai 2025, la Banque Européenne pour la Reconstruction et le Développement (la BERD), l’UE et le Canada ont officialisé l’octroi à Bank of Africa du prêt PFEV III Maroc s’élevant à 70 millions d’euros (soit environ 736 millions de dirhams). Cet acronyme signifie « Programme de Financement de l'Économie Verte » et constitue l’une des nombreuses initiatives clés entre le Maroc et la BERD.

1.    Le rôle pivot des PFEV

Le Programme de Financement de l’Économie Verte (PFEV), initié par la BERD, vise à catalyser à travers les pays partenaires les investissements privés dans les technologies durables, en facilitant l’accès au financement des entreprises engagées dans la transition écologique.

Lancé au Maroc en 2015 sous l’appellation MorSEFF, ce programme s’est structuré en plusieurs phases (PFEV I, II, puis III) et repose sur un modèle de financement indirect : la BERD accorde des lignes de crédit à des institutions financières locales – telles que Bank of Africa, Crédit du Maroc ou Société Générale Maroc – chargées de déployer les financements auprès des entreprises éligibles, principalement des MPME.

Ce mécanisme de financement indirect est assorti d’une assistance technique et, le cas échéant, de subventions à l’investissement financées par des partenaires tels que l’Union européenne ou le Fonds Vert pour le Climat, avec un dispositif de suivi renforcé visant à assurer la traçabilité et l’impact environnemental effectif des projets financés.

Au titre du PFEV III, la BERD a accordé un prêt de 35 millions d'euros (soit environ 368 millions de dirhams) à Bank of Africa, en ce compris le co-financement de 8,75 millions d'euros (soit environ 83,2 millions de dirhams) apporté par le fonds vert pour le climat (FVC), organisme financier de l’ONU¹.

Ces fonds permettront à Bank of Africa d’octroyer, via sa filiale Maghreb Bail, des prêts verts aux entreprises marocaines de tailles micro à intermédiaire souhaitant investir dans des projets écologiques, en particulier ceux liés à l’adaptation au changement climatique et à l’atténuation de ses effets, notamment des projets ayant pour objet :

• les énergies renouvelables à petite échelle ; 
• l’efficacité énergétique ; 
• les bâtiments verts ; 
• l’économie circulaire ; 
• les investissements dans l’adaptation au changement climatique (et notamment l’utilisation rationnelle de l’eau et la gestion durable du foncier) ; 
• la numérisation ; et, 
• les investissements dans l’économie bleue.

Dans le prolongement de cet accompagnement financier, il convient de souligner la dimension sociale marquée du programme PFEV III Maroc. En effet, en prévoyant des formations ciblées sur les technologies et les mécanismes de financement vert à destination des femmes entrepreneures, le programme se positionne également comme un levier d’inclusion.

2.    Le rôle d’une initiative complémentaire : le MDCR

En parallèle du financement accordé dans le cadre du PFEV III, les entreprises bénéficiaires des prêts verts distribués par la filiale de Bank of Africa bénéficient également d’un soutien dans le cadre du programme européen « Morocco Decarbonisation and Climate Resilience » (MDCR).
Ce programme complémentaire s’inscrit dans le Partenariat Vert global conclu entre l’Union européenne et le Maroc en marge de la COP 28 à Dubaï.

Ce programme d'appui à l'investissement mobilise un don européen de 290 millions de dirhams (soit environ 28 millions d’euros) destiné à accélérer l'adoption de technologies vertes par le secteur privé.

Les fonds sont affectés, d’une part, à l’assistance technique de Bank of Africa pour la sélection, le suivi et l’accompagnement des projets les plus porteurs ; et, d’autre part, à la subvention partielle de l’acquisition d’équipements verts nécessaires à la mise en œuvre effective des investissements.

Cette approche combinant financement, accompagnement technique et soutien à l’investissement contribue à l’émergence d’un écosystème de projets verts bancables et durables.

Dans ce sens, le MDCR a pour objectif d’encourager les banques marocaines à octroyer plus de 4,3 milliards de dirhams de prêts verts aux entreprises marocaines. Seraient notamment inclues les banques ayant la qualité d’emprunteur au titre des PFEV.

Ces initiatives conjointes de la BERD, de l’Union européenne, du Fonds Vert pour le Climat et des institutions financières marocaines traduisent l’ambition du Royaume de consolider un cadre financier favorable à la transition écologique. En ciblant spécifiquement les MPME et en intégrant des volets d’assistance technique et d’inclusion sociale, le Maroc affirme sa volonté de structurer un marché du financement vert à la fois efficace, accessible et résilient.

Cette avancée consolide la place de Role Model du Royaume du Maroc en Afrique en termes de financement de la transition énergétique et de projets durables.
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1 - Banque Européenne pour la Reconstruction et le Développement, « PFEV III – Bank of Africa », 12 mars 2025

Article rédigé en collaboration avec Dina Laraki et Yassine Boussalham.